Thérapeute, thérapie, blessure, trauma, guérison : la limite de ces mots
Voici un exemple concret qui illustre ce livre de Marshall Rosenberg : « Les mots sont des fenêtres ou sont des murs… »
Ces mots sont largement utilisés pour décrire des expériences et des vécus, et ils figent une réalité, créant un univers qui maintient parfois dans l’illusion et dans le rôle de victime, si on pousse la réflexion à l’extrême.
Lorsqu’on parle de trauma, de quoi parle-t-on ? Certains utilisent ce même mot pour une personne qui a vécu la guerre et pour une personne qui aurait manqué d’attention de la part de son frère. Pour moi, ce mot tente de résumer de manière courte et imprécise des réalités bien différentes. Une expérience du passé ayant influencé mes comportements, par exemple, est une description plus précise et souvent moins lourde que le terme « trauma ». Pourquoi en rajouter alors qu’on peut faire simple ?
Il en est de même pour le mot « guérir », qui induit une notion de maladie, alors qu’il s’agit souvent simplement de transformations. Pourquoi utiliser ce langage qui juge et interprète la réalité ?
Un livre largement diffusé et apprécié par un certains nombre de personnes, « Les 5 blessures de l’âme: Identifier ses blessures dominantes pour les panser » est pour moi, de la littérature spirituelle bullshit, qui inventent des concepts et qui renforce la posture de victime : c’est pas de ma faute, c’est mon âme… Il semblerait que cette personne aie traduite de manière imprécise des travaux de recherche. Elle s’est inspiré des travaux de 3 psychanalystes (Reich et 2 de ses disciples : Lowen et Pierrakos), et ils avaient nommé cela très différemment : ils parlaient de 5 « grandes peurs existentielles » associés à des « 5 défenses névrotiques »
1) La blessure de « rejet » avec le masque de « fuyant » avaient été nommées => La peur d’entrer en contact et d’établir un lien, qui provoque des réactions d’évitement, de retrait ou de fuite
2) La blessure « d’abandon »avec le masque du « dépendant » avaient été nommés => « La peur de perdre le lien » qui provoque des « réactions d’effondrement » (c’est à dire des relations fusionnelles ou des comportements hyper-indépendants)
3) La blessure « d’injustice » avec le masque du « masochiste » avaient été nommés => « La peur d’être obligé de se laisser dominer par l’autre » qui provoque des « réactions de fermeture »
4) La blessure de « trahison » avec le masque du « contrôlant » avaient été nommés => « La peur de perdre le contrôle pour conserver le lien qui provoque des réactions de « prise de pouvoir sur le monde extérieur »
5) La blessure « d’humiliation » avec le masque de « rigidité » avaient été nommés => «La peur de ne pas être accepté tel que l’on est » avec des réactions « perfectionnistes »
Voyez et mesurer l’influence que peut avoir lorsqu’on nomme les choses différemment.
C’est pour cela que j’apprécie la proposition de la Communication Non Violente (CNV), celle d’être dans l’observation des faits sans jugement ni interprétation. Cette approche est beaucoup plus légère et juste que le langage de la thérapie traditionnelle.
Pour ma part, ces « thérapeutes » répondent simplement à un besoin fondamental, celui d’être ensemble, entre humains. Le fait de les voir sous cet angle, comme des accompagnateurs plutôt que des guérisseurs, dédramatise la situation et recentre l’attention sur l’interaction humaine et le soutien mutuel, car de toute façon la transformation aura lieu via l’empathie, des énergies de vie bien plus efficace que des méthodes.
Vous en pensez quoi ?
Merci à Laurence, d’avoir mené l’enquête concernant les 5 blessures de l’âme.